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Re: Linux: entre le cousin Bob et l'oncle Bill



On Sun, 30 Jan 2000 05:13:22 GMT, gipe@spamMEnot_videotron.ca (Gilles
Pelletier) wrote:

>Linux: entre le cousin Bob et l'oncle Bill
>(Le passage cité était dans le fil: CD Debian ?)
>
>
>[email protected] (Vincent Brousseau) écrivait/wrote:
>
>>Cessons ces comparaisons futiles,  Debian s'adresse à un public
>>particulier qui lui sera toujours fidèle. Point. Un groupe d'utilisateurs
>>qui sait profiter de la puissance de la console.
>
>Voilà une opinion bien catégorique, mon cher Vincent. Fabien Ninoles
>semble toutefois la partager puisqu'il m'écrivait «Comme le dit le
>slogan de Debian-In-A-Box (le package deal de VA et O'Really), Debian
>est surement la derniere distro que vous achetez sur CD.» 
>
>Une fois encore, il semble que je sois le seul de ma paroisse! Mais
>j'espère toutefois que tu me permettras de rappeler un peu l'histoire
>de Linux.
>
>Au début, on ne pouvait obtenir Linux que sur l'internet et je suppose
>que lorsque Stallman a concocté la license GPL, il ne pensait vraiment
>pas que quiconque pourrait fonder une compagnie sur de telles
>prémisses légales. Arriva Bob Young(1), qui décida qu'il offrirait la
>distro sur CD et qu'il ferait payer pour «le service». Comme on le
>sait, l'impensable a fonctionné, et tout le monde a suivi: Suse, Turbo
>Linux, Caldera, you name it!
>
>(1) Avec des noms comme Robert LeJeune, digne émule -- c'est lui-même
>qui l'a dit, ici-même à Montréal! --  de William Barrières, on a des
>noms dignes des meilleurs romans de cap et d'épée!
>
>Bah! Des compagnies, ce n'était toujours pas bien grave, cela allait
>faire mousser les affaires de Linux d'une autre façon. Linux n'était
>tout de même pas coté à la bourse! 
>
>Seulement voilà, les affaires du cousin Bill n'allaient pas aussi bien
>que celles de l'oncle Bob. Plus précisément, Redhat courait à la
>faillite (Voir: http://altern.org/gipe/rep_pdr.html#note3 ). D'une
>part, il apparaissait qu'il n'était absolument pas nécessaire que le
>service se fasse à partir de Durham, N.C. : n'importe qui à travers le
>monde peut le faire n'importe où à travers le monde par l'internet.
>D'autre part, pour le Desktop, Mandrake offrait une distribution plus
>facile à installer et moins chère (via MacMillan, particulièrement).
>Enfin, ce fut la cerise sur le sundae, Mandrake a commencé à mettre
>des fichiers iso sur l'internet: il n'y avait plus besoin de connaître
>les fichiers à choisir pour télécharger.
>
>Mais Linux avait le vent dans les voiles, Red Hat était le nom le plus
>connu, l'oncle Bill se retrouvait dans une position inconfortable
>devant le DoJ ; le cousin Bob a décidé de jouer le tout pour le tout
>et d'introduire Redhat en Bourse. D'environ 1.25$ en mai 1999 (avant
>l'introduction), les actions sont passées à 302$ en décembre.(1) Le
>cousin Bob est devenu multi-milliardaire comme son idole en l'espace
>de quelques mois. (2 milliards, c'est «multi», non?)
>
>(1) On peut consulter la valeur de Red Hat à finance.yaboo.com. Le
>ticker est rhat. Ne désespérez encore tout à fait de la valeur des
>actions, il y a eu un «split» 2 pour 1, il y a quelques semaines.
>
>Comme le faisait remarquer Jeff Evans dans le Computer Paper de
>février 2000, «(...) the IPO (Initial Public Offer) industry in the
>U.S. is a monumental insider scam, where the big players have access
>to the stocks as they are issued, pocket the initial profits, and
>"cash out", selling the stocs at inflated prices to smaller
>investors.» Les actions, qui ont rapporté 14$ à Red Hat ont été
>offertes la première journée en bourse par les «big players) à 48$,
>finalement sans aucun risque.
>
>L'affaire était tout de même excellente, puisque les actions ont
>grimpé à 302$ Mais depuis, le menu fretin a commencé à casquer. (Et
>les caisses de retraire, les fonds mutuels, etc.) Aujourd'hui
>(29/01/2000), l'action est rendue à 227.75 $ (s'il n'y avait pas eu de
>split).  Et c'est pas fini! 
>
>C'est tout de même un petit changement de philosophie, non? Comme le
>dit encore Evans, 
>
>«[Linux] was supposed to be freedom from Microsoft monopoly. The open
>source software movement began as an anti-capitalist, neo-hippy
>alternative to the increasing impersonalisation of personnal
>computing.
>
>There was always a utopian subculture within computing, devoted to
>"making information free", and to playfully gumming up the gears of
>big business and big government. Very bright people devoted their time
>and talent to writing and sharing Linux software code, (...) without
>any nonsense about copyright or intellectual property. As 1999 drew to
>a close, however, the communitarian ethic of Linux appeared to be
>dying as dollar signs replaced peace signs in Linux lovers' eyes.»
>
>Jeff Evans, cet indécrottable passéiste, fait-il trop de philosophie?
>Les choses vont-elles si bien chez Debian? Bien que je ne sois pas un
>Debianiste comme Fabien Ninoles, il m'arrive d'aller faire un tour à
>http://www.debian.org . 
>
>Je crains qu'il y ait des problèmes chez Debian... Des gens qui
>menaient le projet ont démissionné et les équipes de remplacement
>n'ayant pas été suffisamment formées, la sortie du noyau 2.2 a pris
>tellement de retard que c'est tout juste s'il sortira avant que les
>autres distributions sortent le 2.4. Ce qui s'est passé, on ne le sait
>pas exactement, mais j'ai l'impression que certains en ont eu
>raz-le-bol de coder pour rien. Corel avait peut-être de meilleure jobs
>à offrir. So, «Get-it!» 
>
>Chez Netscape, c'est apparemment encore pire. Imaginez! Quand les
>développeurs auront fini de mettre Netscape à jour, AOL, qui ne
>distribue toujours que Internet Explorer, va mettre la main dessus: il
>y aura une version Mozilla, celle des développeurs, et une version
>Netscape, celle d'AOL. Alors que AOL vient de fusionner avec Time
>Warner, il est facile de deviner ce qui va se produire: on va ajouter
>un petit «moteur» hyper-propriétaire pour l'achat en ligne de musique,
>de films, etc. Ceci rendra Mozilla complètement dépassé... à part pour
>les gens qui ne font jamais d'achats en ligne.
>
>
>Stallman a certainement fait du bon boulot en esquissant la license
>GPL, mais rien ne dure pour toujours si personne n'y met la main. Je
>pense qu'il serait grand temps que Linux-Québec ne fasse plus ses
>installfests presque exclusivement à partir de Red Hat. Pour que
>survive l'esprit Linux, il serait bon de mettre Debian sur la table.
>
>Certains «packages» ont beau ne pas être vérifés côté stabilité et
>sécurité, ils ne sont pas essentiels et il n'y a qu'à ne pas les
>inclure. (De toute façon, il y en a je ne sais combien de gigs de ces
>utilitaires!) Si le noyau Potato n'est pas fin prêt, c'est tout de
>même celui dont Corel se «contente», et la mise-à-jour est apparemment
>facile à exécuter. Puisque la vaste majorité des internautes n'ont pas
>encore accès à la haute vitesse, qu'ils ne savent pas exactement
>comment installer à partir d'un download, un CD qui offrirait une
>installation plus légère avec WindowMaker ou SawMill -- le choix de
>Fabien! -- serait bienvenu.
>
>Si certains fins esprits fréquentent toujours cette conférence, on me
>suggérera sans doute, comme au sujet du didacticiel, de faire moi-même
>le CD. À cela, je répliquerai «Give the sucker an even break!» Linux
>n'est pas le Saint Graal, il y a d'autres sujets d'intérêt en ce bas
>monde.
>
>Ces derniers jours, j'ai assisté en cour supérieure à la poursuite
>intentée par Gertrude Gail Kastner contre l'hôpital Royal Victoria (on
>se rappelera cette affaire de «lavage de cerveaux») et, si Dieu me
>prête vie, j'ai l'intention de produire une page sur la façon
>partielle dont nos tribunaux traitent des affaires des services
>secrets (Dans le sens où on accepte qu'il y ait des choses secrètes
>dont on ne peut faire état pour reconstituer «la réalité». D'où des
>procès qui n'ont ni queue ni tête.)
>
>À ce procès, à mon avis extrêmement important, je n'ai pas rencontré
>un seul amateur de Linux. Quelle surprise! À part quelques
>journalistes qui l'ont suivi par bribes et le fils de la victime,
>j'étais le seul citoyen présent. Une fois encore, on se désintéresse
>de la chose publique et les nouvelles technologies sont en passe de
>servir un nouveau totalitarisme extrêmement insidieux.
>
>Comme en témoigne mon site, j'ai aussi quelques autres sujets de
>préoccupation auxquels je consacre passablement de temps. Entre
>autres, il y a notre système d'éducation qui est depuis longtemps
>parti à la dérive. Cela a des conséquences qui se font sentir dans
>tous les secteurs de la société.
>
>Et... j'ai malgré tout écrit un didacticiel Linux qui, pour être
>l'oeuvre d'un débutant, ne me semble pas piqué des vers. Personne n'a
>daigné y ajouter une seule ligne. (http://altern.org/gipe/linux.html)
>
>À force d'user de vains prétextes, le futur de Linux se jouera entre
>les «puissants», les oncles Bill et les cousins Bob.
>
>
>Gilles Pelletier