[Précédent (date)] [Suivant (date)] [Précédent (sujet)] [Suivant (sujet)] [Index par date] [Index par sujet]
Linux: le feu va-t-il s'éteindre?
- To:
- Subject: Linux: le feu va-t-il s'éteindre?
- From: (Gilles Pelletier)
- Date: Tue, 12 Dec 2000 17:36:32 -0500 (EST)
Il y a plusieurs façons d'éteindre un feu de camp. La plus commune,
c'est d'y jeter un seau d'eau. Mais si on veut prendre le temps, il
n'y a tout simplement qu'à écarter les tisons. Il se produit alors un
phénomène très particulier. Alors que, tous ensembles, ils formaient
un feu vif, une fois épars, ils s'éteignent. J'ai l'Impression que
c'est ce qui se passe actuellement avec Linux: chacun essaie de
briller dans son coin.
Alors que Microsoft -- une toute petite compagnie, c'est entendu -- ne
développe qu'une interface graphique, Linux en développe une dizaine,
dont KDE et GNOME sont les poids lourds.
Microsoft ne développe qu'une interface d'installation pour chacun de
ses produits. Linux en a une par distribution.
Pour surfer, Microsoft n'offre que Explorer, dont la dernière version
garde probablement juste assez de bugs pour en justifier une
prochaine. Le monde Linux développe Netscape et Konqueror (KDE). La
dernière version de Netscape plante apparemment toujours et Konqueror
est encore trop jeune pour se classer dans les ligues majeures. Il y a
bien Opera, mais là, ce n'est plus du logiciel libre et parle-t-on
vraiment d'un browser avec toutes les fonctionnalités, tous les
plug-ins??? Et il y a Lynx et XEmacs et je ne sais trop quoi encore,
mais toujours rien d'équivalent à Explorer.
Idem pour les traitements de texte. Microsoft a Word, tandis que Linux
a le lourd Open Office écrit en Java et... euh... peut-être encore
pour quelque temps, WordPerfect, qui n'est pas en open-source, mais
est relativement «gratuit». Et, bien sûr, il y a Emacs et mille autres
logiciels qui avec TEX ou LATEX donnnent des résultats 'stradinaires,
mais toujours rien de vraiment équivalent à Word 2000, qui est le
standard de l'industrie.
Idem pour les bases de données, pour les chiffriers électroniques.
Microsoft n'a qu'un seul produit dans chaque domaine dont les
interfaces se ressemblent et dont les fichiers s'intègrent les uns aux
autres... pourvu qu'on n'utilise pas de version trop démodée : )
Mais, on l'a dit souvent et avec raison, Linux s'est d'abord occupé du
domaine des serveurs et, un jour ou l'autre, les logiciels seront
prêts à compétitionner cette petite boîte de merde qu'est Microsoft.
Mais, la petite boîte de merde, qu'est-ce qu'elle fait en attendant?
Je ne sais pas si vous connaissez des gens qui ont acheté un ordi
dernièrement, mais il y a un petit gadget qui devient très populaire.
Ça s'appelle un syntonisateur télé ou, en bon anglais, un tv tuner.
Pour environ 75$, cette carte permet de regarder la télé sur un ordi
et même d'enregistrer les émissions sur le disque dur. (Hé! À 30 ou 40
ou 60 gigs, on ne se gêne plus!) Évidemment, l'interface est beaucoup
plus sophistiquée q'un vcr! Le logiciel peut avertir l'usager de
l'apparition de certains mots-clés dans la boîte de texte pour les
sourds. On peut même revenir cinq minutes en arrière si on a manqué un
bout de dialogue, etc. Pour 150 ou 200$, on peut même monter des
bandes vidéo! Ça coûtait des millions ces trucs-là autrefois!
Et, bien sûr, les marques de cartes les plus connues -- ATI et Voodoo
-- ne fonctionnent qu'avec des produits Microsoft... Alors, le monde
Linux aura beau se vanter d'avoir produit les images de Titanic, à
seulement 75$ de plus pour mettre une télé et un vcr sur un ordi, j'ai
bien peur qu'il va perdre des joueurs. Et, si je me fie au dernier
Computer Paper, les agendas électroniquene ne fonctionnent pas non
plus avec Linux.
Évidemment, les gens cool vont continuer à installer Linux sur une
deuxième partition, mais, si les cartes télé, les agendas, plusieurs
jeux, etc. ne fonctionnent qu'avec Windows, vont-ils vraiment se
casser la tête pour faire des aller-retour entre Linux et Windows?
Comme c'est l'OS du desktop qui détermine l'OS du serveur -- se
rappeler le fameux «On a NT parce que le client le demande» -- il y a
comme des petits problèmes en perspective. Et là, il y a le projet
.NET de Microsoft à l'horizon. Et, depuis quelque temps, on entend
beaucoup moins parler des plantages et des brèches de sécurité de
Windows 2000. Les serveurs de Microsoft vont peut-être finir par
fonctionner après tout!
Mais bon, tant qu'on est solidaires, qu'on se sert les coudes, il n'y
a rien à craindre, n'est-ce pas? Ce sont les gens qu'il faut garder
ensemble pour entretenir le feu sacré. Il suffit d'entretenir la base.
Mais justement, le fait-on?
À chaque fois que j'ai proposé d'instruire les débutants -- avec une
installation manuelle, puis un didacticiel, etc. -- on m'a dit «Fais
le tout seul, GP. Ça ne nous intéresse pas.» Il paraît que répondre
aux questions sur les groupes Linux, parlotter à n'en plus finir des
avantages respectifs des paquetages deb et rpm, c'est amplement
suffisant.
Tellement suffisant que lorsqu'on nous a offert d'aller rencontrer les
gens au Comdex, on n'avait rien ni personne de prêt, même pas un nul
dans le style de celui qui faisait la démo au kiosque Corel, auquel le
public affluait plus qu'à tout autre!!!
Et, parce qu'il ne faut jamais critiquer Linux, il se trouve ici des
gens pour prétendre que c'est parfait ainsi, parce qu'il n'y avait que
des «suits» à cette expo. Aussitôt qu'on a le moindre sens critique,
qu'on tient un peu compte de la réalité, qu'on dit que les
investisseurs s'aperçoivent de tout ce dont je viens de faire part, on
se fait taxer d'ennemi juré de Linux.
Quan tà moi, j'installerai probablement Linux sur mon prochain ordi
parce que je n'ai rien à faire de la télé, des agendas ou des jeux et,
évidemment, parce que je susi cool : ) Mais je ne serais pas honnête
en n'en prédisant pas moins sa fin prochaine. Que Linux fasse des
gains actuellement sur le marché des serveurs ne change rien à
l'affaire. Il faut redresser la barre.
On pourra évidemment me reprocher de ne pas avoir assez à offrir à
Linux. Mais il y a des tas de gens comme moi sur la rue. Si jamais
l'expérience Linux devait prendre fin, est-ce à eux, pour qui on ne
fait aucune tentative de «marketing», qu'on va faire porter la
responsabilité?
Quant à moi, il est sûr que je pourrais reprocher à la communauté
Linux de se soucier comme d'une guigne de ce qui me préoccupe et qui
me semble non moins important que Linux:
Notre système d'éducation en décrépiture:
http://pages.infinit.net/mcrit#education
Les commissions d'enquête qui tournent court avant qu'on sache ce que
fabrique notre armée:
http://pages.infinit.net/mcrit/aerop.html
La mondialisation qui est en train de tracer des frontières à
l'intérieur des pays:
http://pages.infinit.net/mcrit/fox.html
Les non-lethal weapons qui sont possiblement en train de détruire la
démocratie:
http://pages.infinit.net/mcrit/meilleur.html
Etc.
Quand soudainement les outils de recherche se mettent à ignorer mes
pages, moi aussi, j'aurais besoin d'aide. J'aimerais bien que
quelqu'un écrive à ma place à Google et Voilà. Il y a certainement un
petit scripts ou deux qui pourraient faire mon affaire. Et si je
recevais de bons articles, il me ferait certainement plaisir de les
publier.
Alors, j'espère que si jamais Linux s'avère un flop, la communauté
Linux avouera qu'elle n'a qu'elle à qui s'en prendre. Si je compare
l'attention des Linuxiens aux problèmes politiques à la mienne pour
Linux, ils devront convenir que je ne suis pas celui qui fait piètre
figure. Ils devraient au contraire être contents de l'attention que je
porte à Linux!
Si la communauté Linux continue à croire que le combat se déroulera
«on a level ground» entre deux façon de voir le futur de
l'informatique, c'est perdu d'avance. Pour un sujet chaud comme
l'informatique, la politique aura toujours un doigt dans la balance.
Comme je le faisais remarquer, ce n'est pas pour rien que la Suisse et
le Liechtenstein ont opté pour Microsoft.
C'est maintenant qu'il faut juger de l'opportunité de se réunir de
temps à autre pour instruire les gens de ce qu'est Linux, de comment
ça fonctionne et, »à partir de là«, de leur faire comprendre
concrètement quels sont les enjeux. Autrement, la démonstration
«idéologique» ne s'appuie sur rien et ne convainc personne. Z'aiment
mieux la vidéo. Ça reste «des paroles en l'air».
Il faudrait fonder un LUG. Mettre au point la démo, écrire le
didacticiel. Nouer des liens avec ce qui reste de CAM pour voir s'il
n'y aurait pas moyen de se donner un coup de main. Établir des liens
avec les autres LUG pour faire des pressions auprès des fabricants,
etc. Il y a bien autre chose d'important dans la vie que le code.
Si tout ça ne veut rien dire pour personne, le feu va s'éteindre. Bien
que je sois presque assuré de la collaboration de Moulinneuf, je doute
que ça suffise.
¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯
"The first meeting of the West Coast Unix User's Group had about 12 or
15 people," recalls Fabry, a mild man, now 60 years old, who clearly
delights in his 25-year-old memories. "We all sat around in Cory Hall
and Ken Thompson read code with us. We went through the kernel* line
by line in a series of evening meetings; he just explained what
everything did ... It was wonderful."
http://www.salonmag.com/tech/fsp/2000/05/16/chapter_2_part_one/index1.html
Linux chez MMedium:
¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯
http://www.mmedium.com/reperes/linux/
Est-ce que ça s'arrête là? N'y aurait-il rien à rajouter?
GP
--
La Masse Critique
Les «non-lethal weapons»: de la science-fiction?
http://pages.infinit.net/mcrit/meilleur.html
Rencontrez Néfertiti, Einstein, Tocqueville, etc.