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Re: Ça va bien!
- To:
- Subject: Re: Ça va bien!
- From: (Gilles Pelletier)
- Date: Mon, 30 Oct 2000 15:44:15 -0500 (EST)
-
In-reply-to: <[email protected]>
[email protected] ("Jean Dufrasne") écrivait/wrote:
>--snip--
>> l'avant-dernière Intsallfest, il y aura de moins en moins besoin de
>> savoir parce que tout se fera automatiquement. Nous allons battre
>> Windows sur son propre terrain et monter des systèmes sécures avec des
>> gens ignorants!
>--snip--
>
>Et oui !
>Je me souviens de mes vertes années où moi aussi j'étais amoureux de la
>ligne de commande en ms-dos :-)
>A cet âge, j'étais aussi très intolérant envers ces débutants sous Windows
>3 qui trouvaient tellement plus pratique un clique de souris qu'une ligne
>de 35 caractères.
Je vais reprendre ici un vieil exposé... en tentant d'y ajouter
quelques éléments neufs pour un nouveau.
Moi, je n'ai jamais été intolérant envers les utilisateurs de Windows:
je l'ai utlisé aussitôt que j'ai changé mon 286 1 meg de ram pour mon
486 actuel. Seulement, il y a des choses qu'on ne peut s'empêcher de
constater. Quand le Nul en Dos clique sur l'icône et que rien ne se
passe, il est perdu. Et là, il cherche comme dans la forêt vierge,
sans voie prioritaire à explorer, parce que tout ce qu'il sait, c'est
cliquer sur des menus. Par exemple, il cherche un fichier et ne le
trouve pas parce qu'il ne sait pas ce que c'est qu'un fichier caché.
Avec Linux, on a affaire à un OS serveur qui est mauditement plus
compliqué. Alors, quand tu vois des gens demander ici ce qu'il faut
faire quand leur ordinateur ne boote pas, tu te dis qu'ils sont loin
du compte pour gérer Linux.
Or, la doc Linux n'est pas organisée pour être consultée facilement.
J'ai écrit plus d'un message là-dessus et je n'y reviendrai pas. Je
résume simplement en disant que même la doc disponible en HTML sur le
net pourrait tout aussi bien se retrouver dans un livre, les liens ne
mènent qu'à divers chapitres. Rien n'est organisé par ordre de
difficulté ou selon le désir d'en apprendre plus. Tout est étal et la
doc sur un sujet donné fait souvent appel à des concepts que le
lecteur ne connaît pas.
C'est pour ça que quand tu demandes qui a continué à utiliser Linux
suite à une Installfest, personne ne répond. Le problème, ce n'est pas
seulement d'installer, c'est d'administrer. Et pour cela, avec Linux,
il faut des connaissances de base.
Heureusement, il y a plusieurs jeunes qui seraient prêts à apprendre
pour peu que la matière soit bien présentée. Ils pourraient ensuite
cosntituer une base équivalente aux anciens utilisateurs du DOS qui
vont régler les problèmes de mononcle.
>Pour les entreprises, je ne pense pas qu'il y ai de problème. Il se trouve
>toujours 2 ou 3 personnes qui vivent, mangent et dorment Linux :-)
Alors, pourquoi ne retrouve-t-on Linux à peu près nulle part dans les
ministères? Chez Microsoft, on a compris l'importance d'avoir ces
gens-là dans sa poche parce que c'est eux qui, en bonne partie,
établissent les standards que les compagnies devront utiliser.
>Il faut savoir ce que l'on veut. Soit promouvoir la diffusion générale de
>Linux pour risquer de le perdre à jamais un jour (open source) ou le garder
>nébuleux pour la plupart des utilisateurs et continuer à s'amuser comme des
>petits fous.
>Les deux ensemble, ça ne marche pas.
On ne fera pas de grands programmeurs de tous les utilisateurs Linux,
mais une connaissance de base permet de sauver bien du temps et
d'éviter bien des découragements.
Et quand tout est bien énoncé, dans un ordre logique, en montant tout
à partir d'un ordinateur vierge, (même si Windows peut-être installé),
c'est loin d'être si compliqué.
Seulement, il y a des gens, et même de soi-disant professeurs, (on
n'est pas nécessairement professeur parce qu'on porte le titre) qui
ont appris à la dure, par essais et tâtonnements en lisant les HOWTO,
qui ne semblent pas voir d'un bon oeil qu'on puisse parcourir le même
chemin dans la moitié du temps, qui ne veulent pas trop simplifier le
chemin, qui préfèrent dire que les utilisateurs néophytes sont de plus
en plus cons d'année en année et qu'ils ne savent fonctionner qu'avec
des interfaces.
Vous croyez que j'exagère? C'est partout pareil. Dans chaque métier,
les gens ont des secrets et surtout un prestige qu'ils refusent de
partager.
Il y a un cas, d'un ridicule enfantin, qui m'est toujours resté en
mémoire. Au primaire, j'étais servant de messe. Il y avait un premier
et un deuxième servant, et on commençait évidemment comme deuxième,
pour bien observer le premier. Il faut comprendre tout le solonnel
qu'on donnait à l'affaire: on servait près de l'autel, près de Dieu
lui-même en personne, dans son Église!
Toujours est-il qu'après deux ou trois semaines, je me suis dit qu'il
n'y avait pas grand-chose dans le fait de sonner les cloches à un
moment précis et à apporter deux burettes. J'ai donc demandé au
premier servant avec qui je servais habituellement si je ne pouvais
pas prendre sa place de temps à autre.
Je me rappellerai toujours toute la superbe qu'il avait mis dans son
refus, parce que cela contrastait tellement avec le gars que je
connaissais. Il avait juste un an de plus que moi, et il me traitait
comme un enfant.
Ça, c'est pour l'orgueil. Mais imaginez quand l'argent s'en mêle! Un
jour, j'avais décidé de voir si je pouvais réparer une vieille quitare
qui ne valait plus grand-chose et j'étais allé chercher conseil chez
Anton Wilfer sur Mackay près de De Maisonneuve. Je trouvais qu'ils
avaient de maudits beaux »petits« outils pour travailler, mais tout ce
que j'avais fini par en apprendre, c'est qu'ils étaient «hard to
find». En fait, c'était simplement des outils de bijoutiers.
Idem lorsque j'ai voulu apprendre comment aligner un cadre de
bicyclette, mais là, il faut dire que la plupart des vendeurs ne le
savaietn pas eux-mêmes. C'est finalement Marinoni qui me l'a apprit
sans dire un mot, en me laissant observer comment il faisait. Le tout
pour 10$, alors que Baggio me demandait 90$. (Seulement, Marinoni
n'allait tout de même pas aligner un cadre Vélo Sport à la perfection:
il avait laissé un petit défaut que j'aurais sans doute pu régler
moi-même. Quand je suis retourné pour LUI faire régler, il a désaligné
le tube de direction, un défaut que je n'ai jamais pu corriger et qui
a fait que j'ai failli me tuer dans une courbe que j'ai prise un peu
vite.
Il paraît que c'est un ex-employé de Marinoni qui aligne les cadres
chez Vélo-Sport... Qu'on ne se demande pas pourquoi les bicyclettes
haut de gamme viennent maintenant toutes d'Asie... Marinoni, c'est
vraiment l'archétype de l'artisan véreux.)
Cet esprit-là, qui règne sans doute plus dans l'inconscient que le
conscient, est en train de démolir l'open source, qui se fonde non
seulement sur le partage du code, mais surtout, des connaissances
nécessaires à bien le comprendre.
Or, Linux se fonde actuellement sur des chapelles d'initiés qui
chargent de 60 à 100$ l'heure pour régler un OS gratuit et qui sont
peu enclins à partager leurs connaissances. Comme je l'ai déjà
expliqué, c'est ce qui a fait entrer les serveurs NT chez plusieurs
fournisseurs.
Quand je suis arrivé chez CAM, les gens gueulaient contre Pelletier
qui parlait et qui ne faisait jamais rien, parce que parler,
évidemment, c'est ne rien faire. Tout allait bien! Puis, il est apparu
que les dégrèvements fiscaux ne servaient pas à l'éducation, mais aux
promotions à une cenne, à tenter de couper l'herbe sous les pieds des
fournisseurs commerciaux; les serveurs NT rentraient sans que les
membres soient consultés; les élections se faisaient à l'encontre de
la loi C-38 sur les compagnies; le vérificateur ne pouvait même pas
établir le niveau des revenus, etc. Le paradis OSBL s'avérait
l'anarchie totale, quoi! Tout d'un coup, il y a eu un grand silence
comme aujourd'hui sur Linux-Québec alors qu'on constate qu'un kiosque
offert gratuitement est demeuré vide sans que personne n'en soit
informé, que les Installfest n'apportent aucun résultat, qu'on ne voit
jamais sur le net les écoles où Linux a été installé et que les
compagnies Linux introduites en Bourse -- pourtant vantées pour leur
audace lors de ce coup d'éclat -- sont en train de couler à pic.
(Corel a baissé à 3 13/16 $ aujourd'hui, soit à peine 13¢ de plus
qu'avant l'injection de 135 millions $ par Microsoft. Red Hat est à
moins de 12$ comparativement à 23$ lors de l'IPO -- 46$ à l'IPO, en
fait, mais il y a eu un split 2:1.)
Dans ce fil, j'ai fustigé un certain joueur de fifre, mais ceux qui le
suivent ne sont plus des enfants, ils sont pleinement responsables.
S'il n'y a pas de LUG à Montréal, s'il ne s'est pas écrit pas de
didacticiel alors que j'ai offert pendant deux ans de le rédiger,
c'est parce qu'il y a un gros problème.
Est-ce que la tendance va suivre son cours?
GP
--
La Masse Critique
La mondialisation: un brin de réalisme dans l'explication...
http://pages.infinit.net/mcrit/fox.html
Rencontrez Néfertiti, Einstein, Tocqueville, etc.