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Re: LinTel?



Le Wed, 29 Mar 2000 22:06:11 GMT, vous écriviez/you wrote:

>> Sans une large base d'usagers bien formés, Linux sera-t-il autre chose
>> qu'un levier dans les mains de WinTel pour déloger Unix?
>
>je crois plutot que:
>
>intel sait que c'est vraiment risqué de tout miser sur windows 2000, et
>que c'est pas demain que windows va etre assez stable et puissant pour
>rouler sur des serveur mid-end et high-end.

Tiens, salut le nouveau!

Quand la SAQ fait rouler environ 300 postes sous NT à son siège
social, est-ce qu'on ne peut pas commencer à parler de «mid-end»?
C'est tout de même plus que la dizaine d'ordinateurs que faisaient en
général tourner les premières versions de NT! Avec Windows 2000,
peut-être la limite sera-t-elle repoussée plus loin.

Ce que je veux dire, c'est que l'attitude dans le monde Linux ne me
semble pas la bonne: il faut descendre la technologie de son
piedestal, sinon, il y en a qui vont se charger de le faire: les
gourous qui conduisaient des voitures avec un spark advancer, il n'y
en a plus.

J'ai déjà donné l'exemple des fameuses extensions Frontpage, mais je
me permets de le rappeler tellement il me semble pertinent. Pour
quelqu'un qui programme un peu en Perl et en Java, les petits scripts
FP, c'est de la merde. Le «problème», c'est qu'ils suffisent à la
plupart des gens et que les «experts» dont on retenait les services
pour programmer sur mesure étaient trop souvent de parfaits
incompétents. Frontpage a fini par s'implanter et les serveurs NT sont
entrés «parce que le client le demandait».

La question est donc de savoir jusqu'où la «ligne d'incompétence», la
possibilité de fonctionner sans savoir véritable, va monter et si que
la communauté Linux va réussir à faire progresser la connaissance
réelle. J'ai bien peur que de renvoyer les débutants au dédale des
HOWTOs ne suffira pas.

Et puis, si finalement, dans dix ans, MSFT doit faire un serveur sans
interface graphique pour le high-end du high-end, pourquoi pas? Pour
le moment, satisfaire les besoins de la base ne leur a pas trop mal
réussi.

>intel sait aussi qu'unix n'est pas pres de disparaitre malgre qu'on clame
>sa mort depuis 10 ans.

; )

>intel veut jouer dans la cour des grands (sun, ibm, hp, sgi) et se rend
>compte que c'est pas avec windows 2000 qu'il va supplanter la combinaison
>sun->solaris, ibm->aix/as400/os390, etc.. donc ils regardent ce qu'ils
>ont comme saveurs d'unix disponibles pour leur plateforme,
>solaris-intel? pas vraiment hot et c'est pas tres brillant de dependre
>d'un competiteur direct, sco? c'est en respiration artificielle.. bref,
>les meilleurs unix/intel sont ceux qui sont free software.

(...)

>apres avoir entendu les commentaires des gens d'intel lors du process doj
>vs ms, c'est assez evident que wintel est un mariage de raison plutot que
>de coeur, car aussitot qu'intel touche a un domaine autre que de produire
>des pentiums (comme quand ils se sont interesses a java, ou bien dans le
>domaine du video numerique, etc..) microsoft grogne.

(...)

>ne pas oublier non plus que microsoft a pas la reputation de tenir leur
>echeancier. et intel ne serait pas tellement amuser de sortir leur
>nouveau cpu (merced aka itanium) et d'attendre 6 mois avant qu'un OS soit
>pret. avec linux, ils s'occupent du travail eux-meme, peuvent le tweaker
>comme ils veulent, et quand merced sort, tadam!

Dans les trois paragraphes précédents, j'avoue que tu marques des
points. Tu es moins reposant que les gens qui ne savent que lancer des
insultes : ) C'est vrai que le mariage WinTel est un mariage de
raison, mais ce sont souvent ceux qui durent le plus longtemps. Et
puis, si ces deux-là se crêpent le chignon, c'est sans doute qu'ils
sont trop semblables: le marketing d'Intel m'écoeure au moins autant
que celui de MSFT. Quant à moi, c'est une raison supplémentaire de ne
pas se réjouir de son arrivée dans le camp Linux. AMD me semble
beaucoup plus honnête et sérieuse.

La question, c'est de savoir si Intel investit dans Linux parce
qu'elle croit vraiment que la license GPL permettra de former des
compagnies solides en «vendant le service» ou si, comme je le
supposais, c'est seulement une façon de tirer de la mitraille dans les
jambes de SUN, IBM et HP en attendant que MSFT retombe sur ses pattes.


Même dans le premier cas, je ne vois pas très bien la raison de crier
hourra. Comme Red Hat le souligne avec beaucoup de justesse dans les
documents soumis à la SEC, la viabilité commerciale du modèle GPL
n'est pas du tout prouvée. (1) Plusieurs compagnies Linux, dont Red
Hat, seraient passées de vie à trépas sans l'apport d'investisseurs
qui n'ont rien à voir avec le software, comme Intel, ou même avec
l'informatique, comme AXA, ou si elles n'avaient pas été introduites
en Bourse. Pour réussir, il faudra donc réussir à «vendre le service»,
alors que n'importe quel technicien assis à son ordi à l'autre bout du
monde peut faire le travail sans être associé à quiconque... et sans
avoir coûté un sou aux investisseurs.

(1) En fait, si on posait la question à Stallman, est-ce qu'il ne
dirait pas qu'il a tout fait pour que ce ne soit pas commercialement
rentable? Qu'est-ce qui, dans le rôle d'intermédiaire de Red Hat, par
exemple, a amené des gens à penser que ce rôle pouvait valoir 20
milliards de dollars US?

Cette «réussite» reposerait donc sur une certaine monopolisation du
savoir. Si c'est la connaissance, la capacité d'interpréter le code,
qui devient source de richesse, quel sera l'intérêt des compagnies de
disséminer la connaissance hors de leur entreprise? À quoi aurait
servi Linux, sinon à reporter l'enjeu en amont du code?

GP
--
La Masse Critique
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