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L'objectivité
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- Subject: L'objectivité
- From: (Gilles Pelletier)
- Date: Sat, 14 Aug 1999 02:13:57 -0400
-
In-reply-to: <[email protected]>
[email protected] (Michel Dumais) écrivait/wrote:
(Allez! N'attendons pas une nouvelle résurrection du Phénix.)
>Rebonjour, cher Forum Linux (et à Gilles à qui je fais la bise)
>
>Tu sais mon cher Gilles (tu permets que je te tutoies?),
Il va bien falloir, vu que tu me fais la bise. Tant que cela ne
restreint pas les élans spontannés de mon pied droit, comment faire
objection?
>tu as en effet
>raison. je ne peux me faire l'outil de promotion de Linux. Je me dois
>de parler de toutes les plateformes, MacOS, Windozes et Linouxe.
>Sinon, tu serais tres decu. Au meme titre que tu serais tres decu
>aussi si je me faisais l'apotre des sbires de Redmond. C,est ca
>l'objectivite.
Pendant que tu te piques d'objectivité, permets-moi d'évaluer la
pertinence de ton point de vue. S'agit-il ici de vanter un OS plutôt
qu'un autre? Évidemment pas. La question est de savoir si nous allons
laisser un OS propriétaire prendre en main la gestion du monde ou si
nous allons mettre toutes les compagnies et tous les pays sur un même
pied avec un OS à code ouvert (Linux, Free BSD, Hurd, qu'importe). À
moins de se déclarer en faveur de la dictature, poser la question,
c'est y répondre.
>Tu sais, mes premiers amours (mis a part la belle Louise Bertrand
>que je n'ai point oublie) proviennent de l'epoque de l'Apple II (si,
>si, un II, pas un II+) J'ai par la suite eu toutes les variations de
>II (jusqu'au GS, Apple II Forever), des Mac, des PC avec Win 386, 3.0
>et 3.1, les multiples saveurs 9x, NT, un Amiga (foutu bonne machine)
>deux Atari, des Timex meme. Et j'aimerais juste mettre la main un jour
>sur un PDP-11...;-)))
Seigneur! Me permettrez-vous de vous revouvoyer, moi qui n'ai connu
qu'un vieux 286 -- vieux, parce que les 386 DX étaient sortis depuis
belle lurette -- et mon actuel 486 DX-100 ? Que je me sens
soudainement humble face à tant d'expérience!
>Bref, je ne suis pas biaisé face a un environnement
>ou un autre. Les guéguerres de religion, tres peu pour moi. Je laisse ca
>aux fanatiques.
Que d'ouverture d'esprit! Que d'élévation! Quel survol de la
situation! Me sera-t-il tout de même permis d'offrir une vision à raz
de terre?
Le monde Linux me rappelle cette généreuse troupe de scouts qui, pour
témoigner sa solidarité avec le milieu, avait organisé un souper aux
fèves aux lard absolument gratuit. Évidemment, en ce bas monde, à
défaut de vivre bien, il faut bien vivre. Aussi avaient-ils installé
des toilettes payantes...
C'est ainsi que Redhat constitue dès à présent une valeur refuge dans
la haute technologie en offrant un OS gratuit, mais un service
technique payant. C'est aussi un système que j'ai bien connu chez CAM:
accès shell gratuit, aucun script offert sans le «$upport» des
experts. (On comprendra que les extensions Frontpage soient apparues
comme une vraie libération et que les «comptes commerciaux» aient
exigé NT.)
Chez Linux-Québec, idem. Pour ce qui est de mettre sur pied des
conférences savantes sur RealTime Linux, sur les plus intimes
soubresauts de Linux lors du boot, sur la gestion de bases de données,
ou sur tout autre sujet qui donne lieu à une conversation passionnée
entre deux ou trois experts dans la salle, il n'y a pas de problème.
Mais quand on parle de donner à tous une connaissance de base de l'OS
en montant un cours sur l'installation, soudainement, tout devient
extrêmement compliqué. Singulier, non?
Les résultats, on les connaît. Microsoft vendra en moyenne, chaque
mois en 1999, sept millions de copies de Windows 98, soit l'équivalent
de ce que le monde Linux prétend avoir comme base d'usagers... plus ou
moins réguliers. Avec les oncles Bill et Paul qui en sont à mettre la
planète en réseau, avec les normes pour les transactions commerciales
qui vont se discuter entre gens $érieux, les parts de Microsoft
tiennent bien le cap dans la tourmente.
Toute l'Amérique, du petit investisseur au milliardaire en passant par
le gestionnaire de fonds de pension, veut que ça tienne bon à TOUT
prix. Quel futur glorieux pour l'open source avec tous ces gens bien
informés du «choix parfait pour les entreprises»!
L'objectivité, ce n'est pas mettre sur un même pied totalitarisme et
démocratie, ou donner un traitement égal à la vérité et au mensonge.
L'objectivité, pour reprendre l'expression d'Henri Bourassa, dans son
premier éditorial, c'est «dénoncer les coquins» dans quelque camp
qu'ils se trouvent. Ignorer les enjeux, c'est jouer leur jeu.
Enfin... Je suis certainement mal placé pour conseiller quiconque
désire faire carrière. Sans doute M. Sansfaçon, ton rédacteur en chef,
partage-t-il ta vision de l'objectivité plus que la mienne et qu'un
changement d'orientation pourrait compromettre ton avancement. Dans un
tel contexte, la plupart des gens disent préférer reculer pour mieux
sauter. J'attends toujours d'en voir un sauter...
GP
--
Rencontrez Néfertiti, Einstein, Tocqueville, etc.
La Masse Critique -- http://pages.infinit.net/mcrit