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Le logiciel libre avance masqué
LEMONDE.FR | 24.03.04 | 14h06

"Si vous décidez de faire des infidélités aux produits Microsoft,
faites-le dans le plus grand secret." C'est ce que clame
l'informaticien britannique Eddie Bleasdale, l'un des pionniers du
logiciel libre, aujourd'hui patron de la société de conseil
Netproject. Il vient de créer une association "discrète", pour ne pas
dire secrète : The Incubator Club. Lors d'une conférence sur les
logiciels libres organisée à Londres, début février 2004, il a fait
sensation en révélant l'existence de ce club très particulier. "La
règle numéro un de l'Incubator Club, c'est de ne pas parler de
l'Incubator Club", a-t-il déclaré avec flegme, faisant référence au
film de David Fincher, Fight Club.

Plus sérieusement, il a expliqué que son association a "pour but de
réunir les entreprises, collectivités locales ou institutions
désireuses d'abandonner les logiciels de la firme de Bill Gates pour
adopter le système Linux et, plus généralement, les logiciels libres.
Et qu'elles puissent opérer cette mutation le plus sereinement et le
plus discrètement du monde" ! Eddie Bleasdale a ainsi créé la première
entité d'aide à "la migration secrète du logiciel payant vers le
logiciel libre". "Les directeurs de sociétés, les responsables de
services informatiques d'administrations, de collectivités membres de
The Incubator Club peuvent échanger leurs expériences. Ceux qui
travaillent déjà sous Linux démontrent à ceux qui hésitent encore à
franchir le pas la valeur ajoutée du système libre. Et tout cela, sans
que Microsoft sache qui va basculer vers Linux", détaille Eddie Bleasdale.

Pour lui, la création d'une organisation comme The Incubator Club
était devenue une nécessité criante. "A chaque fois que le nom d'une
entreprise qui a choisi de migrer vers Linux est rendu public,
Microsoft déboule aussitôt et offre d'inimaginables rabais pour
l'inciter à ne rien changer..., raconte Eddie Bleasdale. Et lorsque
Microsoft monte au créneau, personne ne peut rivaliser avec sa
proposition commerciale."

En filigrane de cette opération, Bleasdale dénonce le "dumping", le
monopole "de fait" de Microsoft et ses dispendieuses opérations vouées
à éradiquer l'alternative Linux. Des accusations fondées. Un
mémorandum reproduit dans une enquête de l'International Herald
Tribune du 15 mai 2003 prouve l'existence d'un bas de laine et d'une
politique de vente à perte pour ne pas céder de parts de marché face
au système d'exploitation libre. "Dans AUCUNE circonstance ne perdre
(un marché) contre Linux", écrit Orlando Ayala, le directeur des
ventes de l'époque, aux services commerciaux et au président de
Microsoft. Pour cela, les commerciaux peuvent pratiquer une politique
de "hard discount" (rabais sévère) auprès des gouvernements et
administrations tentés par Linux. Pour compenser le manque à gagner,
une enveloppe de 180 millions de dollars (147 millions d'euros) par an
a même été constituée.

"Tenez : lorsque Microsoft a appris que le conseil municipal de
Newham, dans la banlieue de Londres, allait passer sous Linux sur mes
conseils, la firme de Bill Gates a déclenché une telle offensive
commerciale que les édiles ont reculé et conservé les logiciels
Microsoft... mais à moindre coût !" "J'avance masqué", disait
Descartes, Bleasdale aussi.

Loïck Coriou 

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de la part d'aumance...

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