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Lundi bleu ou noir?



Lundi bleu... ou noir?

Il semble que lundi prochain ne sera pas plus rose que vendredi sur
les marchés boursiers. La raison est connue: après la dégringolade de
vendredi, les courtiers vont faire des appels de marge(1) et, comme
c'est justement l'époque où il faut payer les impôts, il risque fort
d'y avoir des ventes de feu. Reste à savoir si toutes les entreprises
vont écoper au même titre. 

Déjà, vendredi, alors que c'était les grandes institutions plus que
les particuliers qui vendaient, les compagnies Linux ont accusé des
pertes plus importantes que la moyenne. Red Hat, par exemple, a accusé
le double du pourcentage de perte de Microsoft. (NASDAQ = 9.7% ; RHAT
= 13.8% ; MSFT = 6.5%). Comme on imagine facilement que ce sont les
particuliers plus que les institutions qui ont investi dans Linux, le
pire pourrait rester à venir et la dégringolade se poursuivre en
accéléré lundi pour les titres Linux.

Jusqu'où? J'usqu'à l'encaisse qu'a permise l'émission des actions,
soit environ 3$. Cette évaluation me semble encore optimiste. Elle
suppose que l'oncle Bob n'ait pas pensé avoir en main de l'argent de
monopoly et qu'il n'ait pas joué avec ses petits copains à «je
t'achète, tu m'achètes, on est plus gros, on est plus beaux». Quant
aux lendemains rayonnants des «embedded systems», peut-être les
investisseurs finiront-ils par comprendre que personne n'est plus apte
à les programmer que les compagnies qui produisent le hardware.

Certains diront que je prends mes désirs pour des réalités. C'est
évident. Si ma prédiction s'avérait, on en aurait fini une fois pour
toutes avec l'entrée en Bourse de compagnies Linux, et probablement
par le fait même, avec la constitution de compagnies à capital-action
pour la promotion de Linux. On reviendrait aux objectifs originaux.

Mais, quoi qu'il arrive, pour Red Hat, l'expérience aura été...
enrichissante: près de 350 millions pour la compagnie (après la
deuxième émission, le 4 février) et je ne sais trop combien de
dizaines de millions de dollars à ses insiders. Ils pourront toujours
racheter les junk bonds. C'est une longueur d'avance prise à même les
goussets des investisseurs, qui n'a surtout rien à voir avec la
compétence et le code bien poli.

Alors, pour peu que vous n'ayez pas investi dans RHAT, la prochaine
fois que vous croiserez mononcle Bob, lancez-lui un «Merci pour les
chapeaux rouges, mononcle Bob!» Qui sait, si vous êtes vraiment
gentil, si vous voulez organiser une installfesse avec Red Hat «front
row center», il vous donnera peut-être quelques bonbons. L'esprit
Linux, lui y connaît ça!

Note: (1) Les investisseurs empruntent parfois aux courtiers pour
investir. Si la valeur des actions vient à frôler celle du prêt, le
courtier veut ravoir ses sous: c'est ce qu'on nomme un «appel de marge
de crédit». Si l'investisseur ne peut rembourser, le courtier vend.
Lorsqu'ils se produisent à grande échelle, les appels de marge
produisent un mouvement à la baisse parce que le marché est inondé de
cette offre soudaine.

GP
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La Masse Critique
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Rencontrez Néfertiti, Einstein, Tocqueville, etc.