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Un bon livre, c'est des siècles de sauvés!



GP

[email protected] (R.Ouellette) écrivait/wrote:

>Gilles Pelletier écrivait :

>C'est vrai qu'on l'a fait, et je regrette sincèrement tout ce temps

>perdu dans une doc mal foutue pour faire des choses impossibles avec

>des batch files de merde.

>

>Faut-il vraiment recommencer avec Linux, surtout qu'aujourd'hui les

>gens sous Windows ne se plient plus à cette gymnastique...

>

>----------

>

>J'ai lu énormément depuis 1984... DOS, Win, OS/2, NT, et Linux depuis

>3 ans sans jamais regretter mes lectures, pour moi c'est de la simple

>culture. Je ne crois pas aux interfaces du genre MAC qui prennent les

>utilisateurs par la main en leur cachant tout.


Moi non plus, je ne crois pas au MAC, mais je ne suis pas prêt à
consacrer tout mon temps à Linux. Dans tous les domaines où j'ai lu,
j'ai cherché de bons livres, parfois pendant des années et, quand je
les ai trouvés, j'ai appris en quelques semaines ce que d'autres ont
mis des années à apprendre.

Par exemple, en économie, j'avais essayé de lire... -- comme il
s'appelle ce zigoto? Tu sais l'Américian qui passait pour un grand
vulgarisateur? Grrrr.... Galbraith, merde! -- et je n'y comprenais
rien. C'était confus au possible.

Un bon jour, je suis tombé sur un livre intitulé «L'Or jaune, l'or
noir» et j'ai dit Eurêka. Ça commence avec le capitaine Achab (Moby
Dick, Melville) et ses pièces d'or, ça continue avec les colliers de
coquillages de peuplades africaines et ça va jusqu'aux accords de
Bretton-Woods et au serpent monétaire pour l'établissement de la CEE.
Pas de références culturelles inutiles pour faire démonstration de sa
culture! To the facts! Lumineux! J'avais terminé mon bacc depuis
longtemps et je venais de comprendre ce que signifiait «esprit
cartésien».

J'ai téléphoné à l'auteur, Jean Carrière, qui dirigeait la Banque
Eurofin à Paris. Lorsqu'il  m'a parlé de son «petit livre sur la
monnaie», je l'ai tout de suite rabroué. «Avec votre «petit livre»,
lui ai-je dit, je parle aux banquiers et ce ne sont pas eux qui ont le
gros bout du bâton.» 

Et c'était vrai. Je me rappelle qu'un directeur de banque qui faisait
son jogging au Mont-Royal m'avait demandé où j'avais fait mon cours.
Dans le temps où on reprochait au directeur de la Banque du Canada,
John Crow, de garder le taux d'escompte trop élevé, Le Devoir m'avait
publié une petite lettre intitulée «M. Crocs?» où j'expliquais qu'il
n'avait pas le choix.

Or, je ne connaissais rien auparavant en économie. Et, dans tous les
domaines, ç'a été comme ça. Je parle d'ailleurs de certains des livres
qui m'ont émerveillé sur mon site. Je sais que j'ai dû passer pour
idiot, assis sur un petit tabouret,  à feuilleter parfois tous les
bouquins d'un rayon à la bibliothèque centrale de la VdeM pour en
sortir finalement un ou deux, mais, c'est mon intime conviction, je
crois que les maîtres ne sont pas tous égaux. Même à l'école, ç'a été
comme ça. Il y en a qui m'ont fait végéter pendant une année, d'autres
m'ont ouvert des horizons inconnus.

Avec une telle démarche, même si je ne suis expert en aucun domaine,
j'ai pris un aperçu de plusieurs disciplines dont toutes ne sont pas
réputée faciles et l'expérience m'a convaincu que, quelle que soit la
complexité d'un champ d'étude, il est toujours possible de donner un
aperçu de ses fondements et d'y intéresser un grand nombre de
personnes afin qu'elles osient moins dépossédées dans ce monde
complexe dans lequel nous vivons.

Et de même avec Linux... mais je n'ai pas encore trouvé ce livre
vraiment lumineux qui prend le lecteur par la main et lui fait
découvrir un monde. Ce ne serait pas un livre facile, bien sûr -- tout
apprentissage demande un effort -- mais un livre qui récompense pour
l'effort consenti. 

Alors, je me suis dit «Autant l'écrire!» Seulement voilà, comme en
témoigne mon site, je suis devenu de plus en plus intéressé par les
problèmes politiques: la gestion des écoles et de l'armée, la
mondialisation, le système d'information, etc. et je n'étais plus prêt
à consacrer mon attention à des sujets strictement techniques comme
Linux. 

Quand j'étais jeune, oui, je faisais ça. J'avais étudié la photo par
moi-même et j'ai été photographe, mais là, à près de cinquante ans,
j'ai jugé que ce n'était plus le temps de jouer à ça, surtout qu'il y
avait autour de moi des jeunes qui prétendaient bien s'y retrouver.
Pourquoi refaire un chemin qui avait déjà été fait alors que je
n'avais pas le temps? J'ai tendu la perche -- avec insistance, je dois
l'avouer -- pour tenter de convaincre les gens que tous les livres et
tous les didacticiels ne sont pas égaux et j'ai continué ma réflexion
politique en parallèle.

Aujourd'hui, ce qui me restait de ferveur pour la technique s'est
éteint. Je ne dors plus très bien, j'ai des problèmes de concentration
et je compte consacrer mon attention à des domaines où mon action sera
plus efficace... en autant qu'elle puisse l'être dans une société qui
ne tient compte que des groupes de pression.

Mais je suis toujours aussi convaincu qu'il est nécessaire d'écrire un
didacticiel sur Linux et, si certains sont prêts à l'écrire, j'y
jeterais un coup d'oeil de temps à autre. Un bon didacticiel, mis
entre les mains de centaines de milliers d'individus, c'est des
siècles de sauvés.


>J'utilise Linux en mode graphique (j'aime bien Window Maker - simple

>et d'une grande efficacité) mais j'adore la ligne de commande pour

>effectuer simplement des commandes qui sont souvent trop compliquées en

>mode graphique ou carrément inefficaces. J'aime voir ce que je paramètre,

>éditer à la main me montre ce qu'il y a sous le capot même si je ne

>sais pas programmer ;-)

>

>Tout système d'exploitation est complexe, peu de gens peuvent vraiment

>jouer dans les tripes de ces systèmes (j'entend ici le noyau quel

>qu'il soit), il est normal qu'il faille lire il n'y a pas de sciences infuses!


Il faut lire, mais pour amener une masse critique d'individus à aller
au-delà, à se rendre jusqu'à la programmation du noyau, il faut en
amener un grand nombre à prendre un »bon« aperçu général, à
s'intéresser au sujet. Il faut que les gens aient le sentiment que
leur lecture rapporte. Actuellement, ce n'est pas le cas. Les HOWTO,
les faqs, ce n'est pas la façon de procéder.


>C'est la même chose avec tout logiciel; quelle que soit son ergonomie,

>il faut apprendre à l'utiliser. On peut en découvrir de bon pans à la

>mitaine mais rien ne vaut la lecture de sa documentation (si elle est

>bien écrite je l'admets) pour l'exploiter à fond.


On peut apprendre avec de la mauvaise doc. On compare celle-ci avec
celle-là et on essaie et on voit les résultats. Trial and error,
essais et tâtonnements, comme on dit. Mais, franchement, c'est chiant.
L'effort n'est pas pleinement récompensé. Je crains fort que les gens
ne préfèrent écouter La Fureur. Et ça n'avancera pas beaucoup le monde
Linux de dire «Tant pis pour eux». Ça risque d'ëtre tant pis pour
Linux.


>Je termine avec cette anecdote. L'an passé, mon plus jeune fils, alors

>en 1re secondaire, me demande désemparé ce qu'il peut faire pour éditer

>une page Web. «Papa, on n'a pas FrontPage Express comme à l'école!»

>Pas grave mon gars, tu utilises n'importe quoi d'autre, un simple

>éditeur de texte suffit et j'ai amplement de petits fichiers d'aide

>pour t'expliquer la syntaxe html.

>

>Mon fils ouvre sa page avec un éditeur. Surprise! C'est plein de mots,

>comme </font>, qu'il n'a jamais écrits!

>

>Le prof d'info n'a jamais expliqué à ses éleves que le html est un

>simple langage de texte avec différentes balises pur débuter et terminer

>des commandes. Non, aucune explication. Tu ouvres FrontPage Express qui te

>prend par la main et ne te montrera jamais rien... L'apprentissage

>des quelques balises simples qui permettent d'afficher des page est

>non seulement formateur et amusant, il permet même d'apprendre de

>l'anglais.


Il permet surtout de comprendre le principe, et quiconque comprend le
principe sait résoudre les problèmes et ne se laisse pas abuser par
une publicté flagorneuse. Alors, pour ce qui est de l'auto avec un
moteur 6 litres, du Pentium IV, de la télé 32", etc. avons-nous
vraiment besoin de tout ça? Quand on étend l'optique de compréhension
à tous les domaines, ça commence à être dangereux économiquement.
C'est dans ce sens-là que je dis que si Linux doit réussir, il y aura
des conflits avec bien d'autres instances que Microsoft et qu'il est
important de développer une conscience politique globale.


>C'est selon moi la différence entre lire et se faire prendre par la main.

>Pas nécessaire d'être informaticien pour bien se débrouiller!

>J'espère que l'informatique ne deviendra jamais un monde de MAC ou

>de Windoze :-D


Moi non plus, mais même dans les domaines les plus techniques, le
maître doit guider l'élève, le prendre par la main jusqu'à ce que
l'élève ait lui-même appris à en guider d'autres.

Au plaisir!

GP
--
La Masse Critique
Rencontrez Néfertiti, Einstein, Tocqueville, etc.

L'affaire Assemblée nationale: partis à la dérive sur des mots creux!
http://pages.infinit.net/mcrit/michaud.html